La libération de Paris, jour après jour

Nous sommes en août 1944. Depuis deux mois, les Parisiens savent qu’ils vont être libérés, mais ils n’imaginent pas encore qu’ils allaient devoir se débrouiller par eux-mêmes. La libération de la France a débuté le 6 juin avec le débarquement en Normandie. Il s’est poursuivi le 15 août avec celui de la Provence. Mais à Paris, les armées tardent à arriver. Personne ne sait quand la capitale sera délivrée. Pour les Américains, Paris n’est pas une priorité stratégique. Il faut contourner la capitale afin de poursuivre l’armée allemande, qui se replie vers l’Est… Le 7 août, Hitler ordonne la destruction de Paris, la réduction de Paris en « un tas de ruine » en cas d’attaque alliée. Mais les Parisiens voient la chose d’un œil différent. Dès le 15 août, les drapeaux français fleurissent sur les balcons des immeubles. Les Allemands sont furieux, les Français, eux, sont décidés.

70 ans après, France 3 Ile-de-France revient sur les événements. ;xNLx;;xNLx;A suivre jour après jour...

1944-08-15 00:00:00

15 août 1944

Paris n’est plus ravitaillée, la population est affamée. La ville sera bientôt paralysée. Les cheminots -en grève depuis le 10 août- réclament la libération de leurs camarades emprisonnés depuis le 14 juillet et la distribution de nourriture. Ils sont suivis par des agents du métro et des métallos. Le 15, la police se met en grève à son tour alors que dans les journaux, Von Choltitz menace les Parisiens d’une répression brutale si des troubles sont constatés. Ce même jour, un convoi de 2 200 prisonniers politiques venus de toutes les prisons parisiennes quitte la gare de Drancy.

1944-08-16 00:00:30

16 août 1944

Les forces américaines ne veulent pas de combats de rues ni avoir à nourrir une agglomération de 4 millions d’habitants soit 4.000 tonnes de vivres par jour. A Paris, les postiers entrent à leur tour en grève. L’ébullition est tangible mais la répression est toujours féroce. Le drame de la cascade Dans la nuit du 16 au 17 août 1944, 35 jeunes gens chrétiens communistes et gaullistes qui étaient à la recherche d’armes et qui ont été piégés par un agent de la gestapo sont fusillés près de la grande cascade du bois de Boulogne. 17 d’entre eux étaient de Chelles en Seine et Marne.

1944-08-17 00:00:14

17 août 1944

L’impression générale, selon un document de l’état major FFI, est que « les allemands ne songent pas tant à défendre Paris qu’à protéger la retraite de leurs troupes de Normandie ». Nordling , le consul de Suède et Von Choltitz passent un accord à l’issue duquel 4.000 prisonniers politiques sont mis sous la protection de la Croix Rouge. Dans le même temps un dernier wagon de déportés part de la gare de Bobigny. Malgré la débandade, l’acharnement des nazis dans la répression et la déportation reste intact. Mi août, 1.457 juifs sont internés dans le camp de Drancy. Devant la tournure des événements le chef SS Aloïs Brunner commandant du camp de Drancy, fait tout pour les déporter mais il n’obtient pas de train de la Wehrmacht. Juste un wagon. Il le rempli à la hâte de 51 prisonniers juifs, des responsables de la résistance et des notables. Parmi eux Marcel Bloch-Dassault et le résistant Jacques Lazarus qui réussi à s’évader.

1944-08-18 00:01:04

18 août 1944

Les résistants prisonniers à la prison de la Santé sont libérés sous contrôle de la Croix rouge. Dans la nuit, l’appel à la mobilisation et à l’insurrection de l’état major des FFI est placardé aux murs. Des combats ont lieu à Montreuil et à Vincennes. Un premier contact est pris à Rambouillet avec les avants gardes américaines. L’appel à l’insurrection était loin d’être évident. Alors que les troupes américaines sont encore à des dizaines de kilomètres, le rapport de force est totalement déséquilibré : moins de 2000 FFI susceptibles d’être armés, principalement de fusils et de pistolets, face à 20.000 allemands (4 régiments de soldats âgés et un bataillon de choc) et une cinquantaine de chars. Il faut éviter les combats classiques frontaux, harceler et empêcher les déplacements de l’ennemi. L’idée est d’ouvrir la route de la capitale aux alliés et de prendre appui sur la population. Une stratégie « populaire » qui est loin de faire l’unanimité au sein de la résistance. Certains craignent une guerre civile ou une répression féroce comme à Varsovie ou l’insurrection est en cours depuis le 1er août.

1944-08-19 00:01:04

19 août 1944

Le début des combats. Passant dans la matinée à proximité de la préfecture de police par hasard, le colonel Rol entend la foule des policiers chanter la Marseillaise. Il entre, se présente comme chef régional des FFI et harangue les policiers rassemblés dans la cour. Il leur demande de se mettre en civil pour éviter les échanges de tir avec les FFI. Après cette prise de parole, les policiers s’engagent dans les combats alors qu’ils s’apprêtaient à faire la grève chez eux sans se battre. Les policiers, qui avaient été des serviteurs zélés du régime de Pétain, vont sauver leur honneur.

1944-08-20 00:01:04

20 août 1944

A Vincennes le commissaire divisionnaire Charles Silvettri se dénonce pour sauver des otages emprisonnés. Il est exécuté par des Allemands. De Gaulle demande à Eisenhower, commandant en chef des forces alliés de prendre Paris, il lui rappelle son engagement que la deuxième DB soit à l’avant-garde. Dans la nuit du 20 au 21 août, la mission Cocteau-Gallois, le chef d’état major de Rol-Tanguy , prend de son coté contact avec les américains pour les informer de la situation à Paris et les convaincre d’agir. Les américains hésitent encore. Pétain quitte Vichy.

1944-08-21 00:01:04

21 août 1944

Surtout décidée par des politiques autour du GPRF (A. Parodi, Chaban-Delmas), cette trêve n'a jamais été respectée par la base des combattants et par les responsables des FFI. Après quatre ans de clandestinité, la presse clandestine sort au grand jour. Après la saisie des imprimeries par les résistants, Combat, Franc Tireur et l’Humanité paraissent en fin d’après midi.

1944-08-22 00:01:04

22 août 1944

Les allemands se retranchent dans quelques points fortifiés. C’est un beau succès de la résistance mais la situation est fragile. Les américains ont pris leur décision. Intensité des combats dans Paris, peur d’une suprématie communiste ? En fin d’après midi, Bradley donne l’ordre à Leclerc de se diriger vers Paris.

1944-08-23 00:01:04

23 août 1944

A Londres, la BBC annonce prématurément la libération de la capitale alors que les combats y font encore rage. La deuxième DB progresse rapidement vers la banlieue sud, les américains libèrent Melun et Corbeil. Après avoir hésité, le commandement américain a donné l’ordre à Leclerc de foncer sur Paris. Leur première intention étant de contourner la ville sans la prendre.

1944-08-24 00:03:18

24 août 1944

Le palais du Luxembourg est très bien défendu avec ses énormes blockhaus et les assaillants ne disposent que d’armes légères. Les FFI de « Rainer » prennent deux trains et un dépôt d’essence gare de Belleville. Après de sérieux accrochages à Fresnes, l’avant-garde de la deuxième DB arrive à La Croix de Berny. Vers 17 h un petit avion « Piper » a survolé en basse altitude la préfecture de Police pour larguer un message du général Leclerc : « Tenez bon, nous arrivons ».A 19h30 Leclerc donne l’ordre au Capitaine Dronne et à sa 9eme compagnie de « foncer sur Paris ». La « nueve » est une compagnie de choc composée de républicains espagnols. Ses trois chars et onze half-tracks atteignent la place de l’hôtel de ville à 21 h 22.Les cloches de Notre dame de Paris annoncent la nouvelle.

1944-08-25 00:03:18

25 août 1944

Les colonnes de la deuxième DB entrent dans Paris par les Porte d’Orléans, de Gentilly et de Saint Cloud. La 4eme division américaine entre, elle, par la Porte d’Italie et progresse vers la gare d’Austerlitz. Des combats s’engagent où soldats et FFI sont au coude à coude. A 10h, le colonel Billote adresse un ultimatum à Von Choltitz. Les combats se poursuivent, place de la Concorde, devant l’hôtel Meurice, rue de Rivoli, et place de la République. Le Palais du Luxembourg est pris avec 7 chars de la 2eme DB et les FFI parisiens des 5eme, 13eme et 15eme arrondissements. A 15h30 à la préfecture de Police puis à la gare Montparnasse ou Leclerc vient d’établir son quartier général, la reddition allemande est signée. De Gaulle arrive, se rend rue Saint Dominique puis à la préfecture de Police pour rétablir « l’autorité de l’Etat ». A 19 h, il se rend enfin à l’hôtel de ville de Paris où se trouvent les responsables de la Résistance… « Paris ! Paris outragé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! ».

La libération de Paris, jour après jour

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