Ceci est une histoire interactive de l’ORTB qui vous récite la décolonisation du Bénin, depuis le début de la colonisation jusqu’à à la proclamation historique de l’indépendance le 1er août 1960 à Porto-Novo. Ce voyage à travers le temps vous immerge dans la succession des événements qui ont conduit le Dahomey d’alors à l’indépendance, comme si vous y étiez. ;xNLx;;xNLx;Nous avons consulté plusieurs sources des plus crédibles (notamment des historiens spécialistes de la question et les archives de l'époque) pour reconstituer le fil des événements. Trouvez tous les événements à leurs dates précises. A chaque étape, vous pouvez consulter le fait historique en texte, en son ou en vidéo. ;xNLx;;xNLx;Pour vous déplacer dans l’histoire, faites-la glisser avec votre le bouton gauche de votre souris appuyé, ou cliquez sur une année dans la ligne du temps en bas de l’écran. Cliquez sur le lien “More” de chaque vignette pour afficher la totalité de son contenu. Dans chaque vignette développée, il sera peut-être nécessaire de faire défiler le texte pour lire les parties cachées. L’en-tête de chaque vignette développée vous indique les ressources disponibles : images, sons ou vidéos.;xNLx;;xNLx;Nous vous souhaitons agréable voyage dans l’Indépendance du Dahomey.
La colonisation du Dahomey a commencé par la conquête du royaume de Danhomè, le plus puissant et le plus célèbre du territoire du Bénin actuel. Son monarque le roi Gbèhanzin, intraitable sur l'intégrité de son royaume, a mené un combat épique contre les troupes coloniales françaises du Général Alfred Dodds de 1892 à 1894
Vers cette fin du XIVème siècle, l'Afrique est devenue un enjeu capital pour les puissances européennes, au point de provoquer des différends entre elles sur le continent. Les nations européennes se sont alors assises pour définir les règles de la conquête coloniale. Après cette conférence, la course pour le partage de l'Afrique est lancée
Une loi du 20 mars 1894 institue un véritable ministère des Colonies, chargé de centraliser la gestion des colonies. Tous les territoires appartenant à la France ou protégés par elle hors d'Europe en relèvent désormais. L'Afrique-Occidentale française, est créée le 16 juin 1895 par l'union du Sénégal, du Soudan français (Mali), de la Guinée et de la Côte-d'Ivoire seulement. En 1904 les colonies sont au nombre de six : Sénégal, Haut-Sénégal et Niger, Mauritanie, Guinée, Côte-d’Ivoire, Dahomey.
Les Africains ne vont pas pourtant se résigner à leur sort. Le colonisateur ayant besoin de cadres locaux pour assoir son administration, l'éducation a connu un grand essor. Une classe d'intellectuels noirs s'est vite formée. Le Dahomey en particulier est devenu un vivier de cadre pour les colonies françaises, au point de gagner la réputation de Quartier Latin de l'Afrique.
La presse est l'un des moyen privilégié de contestation de l'ordre colonial. Le Dahomey, colonie reconnue pour son intellectualisme, est l'un des pôles les plus effervescents de la lutte journalistique en Afrique. Louis Hounkanrin fonde "Le Récadère de Béhanzin" en 1917
A la suite de "Le Récadère de Béhanzin" fondé par Louis Hounkanrin, de nombreux autres titres voient rapidement le jour. Mot d'ordre presqu'unanimement partagé, la dénonciation de la colonisation. De leur nombre, on compte "Le Guide du Dahomey", de Dorothée Lima, "Le Messager Dahoméen" de Louis Hounkanrin (1921 à Paris)...
Les syndicats constituent l'une des formes de lutte les plus acharnée contre le colonisateurs. Créés à la faveur de l'urbanisation, de la production économique et de l'industrialisation, l'administration coloniale les a d'abord longtemps combattus. Formés dans les milieux portuaires, ferroviaires, du bâtiment et des travaux publics, les syndicats ont été déterminants à plusieurs égards. Leurs affiliation aux syndicats métropolitains a favorisé l'accès de leurs membres à une certaine formation au militantisme syndical. Les nombreuses migrations des ouvriers, notamment les marins, entre la France et l'Afrique a servi de couverture à la circulation de documents vers les milieux africains, à l'abri de la vigilance des colons.
La Seconde Guerre mondiale est une étape cruciale de la décolonisation de l'Afrique. L’Allemagne nazie attaque et occupe une bonne moitié du territoire français. La France est partagée entre le gouvernement de Vichy dirigé par le Général Pétain acceptant la soumission et la collaboration avec l’occupant, et le gouvernement de la France libre en exil dirigé par le Général De Gaulle qui organise la résistance. L’Afrique a lourdement participé à la libération de la France. Elle se fonde sur ce fait pour revendiquer l’autonomie.
Alors que la 2ème Guerre mondiale bat son plein, la Grande Bretagne et les Etats-Unis signent le Charte Atlantique, ancêtre du futur traité de l'Organisation des Nations Unies. La Charte proclame le droit à l'autodétermination des peuples. Ce principe servira par la suite d'un solide fondement pour les revendications indépendantistes africaines.
La 2ème Guerre mondiale est toujours en cours. Du fait de l'occupation d'une bonne moitié de son territoire par l'Allemagne nazie, la France est dans une situation ambigüe : d'un côté, le gouvernement de Vichy qui collabore avec l'envahisseur allemand, de l'autre la France libre menée depuis l'étranger par le Général De Gaulle. Sous la pression de l'attitude anti-colonialiste de son allié américain, et craignant l'entrée d'une autre puissance dans l'empire colonial français, le Général De Gaulle et Félix Eboué organisent cette concertation. La conférence a réuni entre autres les gouverneurs des territoires africains. Aucun indigène africain n'y participe.
La Seconde Guerre mondiale prend fin en mai 1945 en Europe. La France entreprend des réformes pour la reconstruction nationale. Dans la suite de l’esprit de la Conférence de Brazzaville, les colonies sont autorisées à élire des députés à l’Assemblée constituante française. Sourou Migan Apithy et le Révérend-père Francis Aupiais sont élus pour le Dahomey.
Avec leur arrivée à l’Assemblée constituante, les députés africains ont profité des conjonctures favorables pour faire passer plusieurs lois en faveur des peuples du continent noir. L’abolition du travail forcé en est la première
Le Manifeste de Paris est l'événement précurseur du futur Rassemblement démocratique Africain (RDA), le grand de Félix Houphouët-Boigny.
Dans la logique du Manifeste de Paris du 15 septembre, Bamako accueille le congrès constitutif du Rassemblement Démocratique Africain (RDA). Le parti dont Félix Houphouët-Bogny est le fondateur s'affilie au PCF (Partie communiste français). La délégation du Dahomey au congrès comprend Sourou Migan Apithy, Louis-Ignacio Pinto et Emile Derlin Zinsou. Apithy est élu Vice-président du RDA, Pinto Président de la Commission de Politique Générale. Zinsou refuse le poste de Secrétaire général mettant en cause l'affiliation du RDA au Parti Communiste français. Le RDA va beaucoup peser sur la vie politique des colonies avant l’indépendance. Surtout au Dahomey, le positionnement par rapport au parti va expliquer pour une bonne partie les alliances et mésalliances qui suivront dans le rang des acteurs politiques.
Dans le cadre de la relance de la vie politique après la 2ème Guerre mondiale, la France a adopté la Constitution de la IVème République, laquelle crée l'Union française qui associe les territoires (colonies) à la métropole.
Dans l’esprit de l’Union française, le Dahomey met en place son Conseil Général. La vie politique du Dahomey s’emballe. Sourou Migan Apithy crée l’Union Progressiste du Dahomey (UPD). De leur côté, Emile Poisson et Justin Ahomadégbé Tomètin donnent naissance au Bloc populaire africain (BPA) le 7 décembre 1946.
Avec les nouvelles institutions créées, le Dahomey doit désigner des représentants à plusieurs niveaux. C'est le début des intrigues politiques
Pour avoir pris certaines décisions, le Rassemblement démocratique africain (RDA) ne fait plus l'unanimité chez tous les militants de l'indépendance. La FEANF est la première expression de ce mécontentement. L'organisation sera le terreau d'où émergeront de grands acteurs du mouvement d'émancipation
La circonscription électoral du Dahomey obtient un second siège à l'Assemblée nationale de Paris. Ce nouveau poste objet de convoitises exacerbe encore plus les passions politiques dans la colonie. La direction de l’Union progressiste dahoméenne (UPD) tente d’écarter Sourou Migan Apithy jugé incontrôlable. Mécontent de son positionnement sur la liste de candidature, ce dernier quitte l'UPD et et lance une liste indépendante dite "d’Union Française" dont il est à la tête. Les ressortissants du nord-Dahomey conduits par Hubert Maga sortent aussi de l’UPD, faute d'obtenir une place pour les leurs sur la liste électorale. Ils créent de leur côté le Groupement ethnique du nord-Dahomey (GEND). Le 17 juin 1951, Hubert Maga et Sourou Migan Apithy sont élus députés à la deuxième législature de la IVème République. Le premier s’inscrit aux Indépendants d’Outre-mer (IOM) alors que le second s’inscrit aux Indépendants et paysans d'action sociale (IPAS), marquant ainsi sa rupture avec les IOM dont il était l’un des fondateurs. Le 1er septembre, Sourou Migan Apithy fonde le Parti républicain du Dahomey (PRD) en vue des élections à l’Assemblée territoriale amenée à remplacer le Conseil général.
Les élections à l'Assemblée territoriale pour remplacer le Conseil général donnent une large victoire au Parti républicain du Dahomey (PRD) et au Groupement ethnique du nord-Dahomey (GEND). L'Union progressiste dahoméenne (UPD) est à l'agonie. Un mois plus tard lors des élections pour les représentants du Dahomey au Grand conseil de l’AOF, aucun candidat de l’UPD ne parvient à se faire élire. Cette élection voit la victoire de Justin Ahomadegbe (Bloc populaire africain), Sourou Migan Apithy (PRD), Jacques Bertho (non-inscrit), Robert-Henri Chaux (non-inscrit) etHubert Maga (GEND).
A cette date le Dahomey doit désigner ses rerpésentants à l’Assemblée de l’Union française. Dans le contexte de l’émiettement du paysage politique, cet enjeu électoral a donné lieu aux premières alliances. Pour barrer la voie au Parti démocratique du Dahomey (PRD), il s’est formé une alliance entre l’Union progressiste dahoméenne et le Bloc populaire africain (UPD/BPA). Hubert Maga a créé le Mouvement démocratique du Dahomey (MDD) qui succède au Groupement ethnique du nord-Dahomey (GEND). Le PRD et le MDD forment une autre alliance de leur côté. La défaite de la paire Zinsou/Ahomadégbé (UPD/BPA) face au tandem Hazoumè/Deroux (PRD/MDD) met un point final à l’UPD et entame gravement le futur du BPA.
Pendant ces deux années, le Parti républicain du Dahomey (PRD) de Sourou Migan Apithy pour le sud, et le Mouvement démocratique du Dahomey (MDD) de Hubert Maga pour le nord, ont régné sans partage sur paysage politique dahoméen.
Le contexte international et les revendications des territoires colonisés obligent la France à faire de nouvelles concessions, au-delà de l'Union française toujours en vigueur. La loi-cadre Defferre confère encore plus d'autonomie aux territoires.
Malgré les succès obtenus (Union française, loi-cadre Defferre), une bonne frange de l’élite africaine pense que l’indépendance totale et l’union sont les seuls saluts de l’Afrique. Dans cet ordre d’idées, d’anciens dirigeants de la Fédération des Etudiants d’Afrique noire en France (FEANF), menés par le Sénégalais Majhemout Diop créent le Parti africain de l’indépendance (PAI) à Thiès au Sénégal le 15 septembre 1957, d’obédience communiste. Le mot d’ordre du meneur “l’unique issue… l’indépendance” ne laisse aucun doute sur les objectifs de la formation politique.
Sourou Migan Apithy président du Conseil de gouvernement bénéficie d’une très large majorité avec le Parti progressiste dahoméen (PPD), fondé en mars 1958, et rassemblant le PRD, le RDD et d’anciens membres de l’UDD qui se sont opposés à l’affiliation au RDA. Mais le 17 janvier 1959, la création de la Fédération du Mali à laquelle participent des parlementaires du PPD, provoque son éclatement. Maga et Apithy s’opposent au projet de la Fédération et reconstituent leurs partis respectifs, le RDD et le PRD. C’est donc en ordre dispersé que se déroulent les élections à la première Assemblée nationale dahoméenne, les 2 et 23 avril 1959. L’entre-deux tours est marqué par la démission de leurs postes ministériels d’Alexandre Adandé, de Louis-Ignacio Pinto et d’Emile Derlin Zinsou qui entendent montrer leur attachement à la Fédération. Mais aucun parti n’obtient la majorité à l’issue des élections qui donnent vingt-huit sièges au PRD, vingt-deux au RDD et vingt à l’UDD-RDA. Un gouvernement d’union nationale est donc formé avec Sourou Migan Apithy à sa tête. Le RDD apparaît cependant comme le véritable arbitre de la scène politique dahoméenne entre Sourou Migan Apithy et Justin Ahomadegbé dont l’alliance est impossible du fait d’anciennes rancœurs personnelles. Le 21 mai 1959, Apithy démissionne. Avec le soutien des élus de l’UDD-RDA, Hubert Maga le remplace. Pressé par l’aile gauche de son parti, il propose même la fusion à l’UDD. Ahomadegbé refuse et les ministres de l’UDD décident finalement de quitter le gouvernement en décembre 1959. Sans majorité, Maga parvient tant bien que mal à se maintenir.
A la faveur de la crise algérienne autour de la question de l’indépendance, le Général De Gaulle revient au pouvoir. Il propose la Constitution de la Vème République qui va créer la Communauté française.
La nouvelle Constitution en attente d’être voté prévoit prévoit que les territoires puissent choisir entre l’indépendance immédiate ou la formation d’une Communauté avec la France.
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L’orientation communiste du Parti africain de l’indépendance (PAI) ne plait pas à tous les anciens membres de la Fédération des Etudiants d’Afrique noire en France (FEANF). Le 25 août 1958, les professeurs Joseph Ki-Zerbo (Haute Volta), Albert Tévoédjrè et Jean Pliya (Dahomey) tous de la mouvance catholique et anciens dirigeants de la FEANF fondent à Dakar le Mouvement de libération nationale (MLN) qui va toutefois moins retentir que le PAI, bien que revendiquant lui aussi l’indépendance totale. Dans la période, les Dahoméens Louis S. Béhanzin, Théophile Paoletti, Barnabé Bidouzo, Thomas Boya créént le Parti de la révolution socialiste du Bénin (PRSB) avec le même mot d’ordre de l’indépendance.
Le 28 septembre 1958 s’est le référendum de la Constitution de la Vème République. Aucun territoire ne choisit de devenir département d'outre-mer. Les Comores, la Polynésie française, la Côte française des Somalis, la Nouvelle-Calédonie etSaint-Pierre-et-Miquelon choisissent de garder leur statut de territoire. À l'inverse, le Tchad, le Dahomey, le Soudan français (Mali), la Côte d'Ivoire, Madagascar, la Mauritanie, le Moyen-Congo, le Niger, le Sénégal, l'Oubangui-Chari et la Haute-Volta deviennent des États. La Guinée française, qui refuse la Constitution, devient indépendante dès 1958. La courte aventure de la Communauté française a ainsi commencé. C’est la fin de l’Union française.
Conformément à la Constitution de la France sur la Communauté française, le Dahomey, comme les autres territoires, est devenu un Etat. Le 4 décembre 1958, Sourou Migan Apithy, nouveau président du Conseil de gouvernement, proclame la République du Dahomey.
Faut-il aller à l’indépendance unis ou séparés ? Comme solution contre la balkanisation de l’Afrique, la Fédération du Mali est l’une de solution proposée. Le Dahomey parti au projet s’est finalement retiré sous la pression de la France et de la Côte d’Ivoire.
Se positionner pour ou contre la Fédération du Mali a été la source d'alliances et de mésalliances sur l'échiquier politique dahoméen.
Le Conseil de l’Entente est l’alternative rivale d’Houphouët-Boigny contre la Fédération du Mali. Le Dahomey en est membre.
L’élection à la présidence de la République du Dahomey entraîne la formation le 9 mars 1960 du Parti des nationalistes du Dahomey (PND) qui regroupe le PPD de Zinsou et le PRD d’Apithy. Mais soucieux de barrer la route au PPD, l’UDD-RDA soutient la candidature d’Hubert Maga qui est élu premier président du Dahomey le 26 juillet 1960
Hubert Maga, élu président le 26 juillet, proclame l’indépendance du Dahomey le 1er août en présence de Louis Jacquinot représentant de la France.
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